& les Chroniques
Express
Statiqbloom
"Beneath The Whelm"

"Beneath The Whelm"
DATES | Sorti le 10 juillet 2020 | Publié le mercredi 4 novembre 2020
ET ALORS | Un an pile après "Asphixya" que nous avions beaucoup aimé pour ses ambiances dark électro à l’ancienne, nous retrouvons les New-yorkais de Statiqbloom qui ont entre temps affiné leurs ambiances pour des compositions moins rugueuses qu’auparavant, mais encore plus caverneuses. Même si les vocaux franchement habités rappellent tour à tour et selon les titres ceux de Numb, de Skinny Puppy ou encore de Front Line Assembly de la fin des 80s/début des 90s, la filiation toujours évidente avec un genre qui nous est cher nous permet de replonger dans ces climats oppressants que nous aimons tant retrouver le temps d’un album. "Beneath The Whelm", le troisième véritable album studio du duo et son second pour le label Metropolis tient ses promesses et prolonge l’espérance de vie d'un style dont nous pensions connaître la recette par coeur. Plus martial que ses glorieux aînés dans sa rythmique, plus malsain dans ses vocaux aussi, le style Statiqbloom s’impose finalement comme unique en son genre ; et à cela, nous ne pouvons qu’adhérer.

Lamia Vox
"Alles Ist Ufer. Ewig Ruft Das Meer"

"Alles Ist Ufer. Ewig Ruft Das Meer"
DATES | Sorti le 1 aout 2020 | Publié le vendredi 30 octobre 2020
ET ALORS | "Alles Ist Ufer. Ewig Ruft Das Meer" ("Tout est Rivage. La Mer appelle pour toujours"), le quatrième album de Lamia Vox, de son vrai nom Alina Antonova, s'écoute obligatoirement en fermant les yeux. Votre subconscient vagabond vous chuchotera alors en un éclair que si Lisa Gerrard avait décidé, en 1998, de s’associer au duo Suédois Arditi plutôt qu’à l’Australien Pieter Bourke, l'album "Duality" que la chanteuse de Dead Can Dance sortit cette année-là aurait furieusement ressemblé au nouvel album de l’artiste tchèque dont il est question ici. Les rythmes martiaux s'invitent dans des compositions néo-classiques faites de sons de cors, de santour et de nappes inquiétantes, pour un résultat qui emprunte les chemins de procession de la dark ambient, de la musique rituelle et du chant éthéré. Jamais répétitif, à la fois solennel et très beau, le disque libère ses incantations titre après titre tout au long d’une cérémonie digne. Une très belle réussite.

SPC ECO
"6LP June LP"

"6LP June LP"
[eLab]
par Bertrand Hamonou
DATES | Sorti le 1er juin 2020 | Publié le jeudi 6 août 2020
ET ALORS | Le projet est depuis le début de l’année extrêmement ambitieux, à savoir réussir à publier une collection de nouveaux titres le premier jour de chaque mois. Avec tout d’abord un titre de dix minutes en janvier, puis un nouvel EP d’au moins quatre titres les mois suivants, jamais nous n’aurions imaginé qu’après cinq livraisons déjà très riches, SPC ECO passerait la vitesse supérieure pour nous offrir un album complet au début du mois de juin. Fidèle à son habitude, Rose murmure ses secrets du bout des lèvres avec cette voix inimitable, parfois noyée sous des tonnes de guitares ou d’effets ("Take What You Need", "Touch Your Skin"), parfois en lévitation sur une dream pop aérienne ("Lost Alone"), quand elle n’est pas piégée dans un labyrinthe expérimental ("Where You Fall"). Avec onze albums et deux fois plus de singles ou d’EPs en onze ans, SPC ECO prouve à ceux qui en doutaient encore qu’il n’est pas un simple side-project pour tuer le temps. Et le plus beau dans tout ça, c’est que les offrandes continuent au rythme annoncé, avec un nouvel EP sorti le 1er juillet dernier.

DILK
"Hardship"

"Hardship"
DATES | Sorti le 17 janvier 2020 | Publié le mercredi 22 avril 2020
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | Le démarrage du disque est assez étrange… On pense immédiatement à DAF, Suicide ou à Absolute Body Control tant la matière est sèche, la production minimaliste et la façon de chanter typée, mais le second titre brouille immédiatement les pistes en s’enrichissant de sonorités moins âpres et en laissant la part belle à une guitare qui donne au son une nouvelle orientation. Au troisième titre, la voix se veut plus maniérée, et c’est un synthé entêtant qui l’accompagne, donnant alors une nouvelle épaisseur à cette matière protéiforme que l’on essaye de s’approprier depuis le début sans jusque-là y parvenir vraiment. À partir de l’excellent "Graveyard Orbit", les choix vocaux et la boîte à rythme omniprésente donnent une nouvelle noirceur à l’ensemble et nous renvoient à l’univers typique de formations comme Cold Cave ou She Wants Revenge. Mais que l’on ne s’y méprenne pas, ce qui caractérise DILK, c’est cette évolution tout en étonnement, et non ce qui, si l’on était inattentif, pourrait être pris pour du tâtonnement. Il y a au final suffisamment d’éléments et de repères pour donner envie de revenir sur ce disque que l’on parvient à s’approprier sans trop de difficulté, et avec un peu plus de plaisir à chaque nouvelle écoute.

PAAR
"Die Notwendigkeit der Notwendigkeit"

"Die Notwendigkeit der Notwendigkeit"
DATES | Sorti le 20 mars 2020 | Publié le jeudi 16 avril 2020
ET ALORS | Il est des disques qui filent droit, sans détour ni fioritures et pour lesquels notre adhésion est immédiate. "Die Notwendigkeit der Notwendigkeit" qui se traduirait par "la nécessité du besoin", le premier album de PAAR, est de ceux-là. Ces trois jeunes gens bien inspirés originaires de Munich nous ravissent d'une coldwave qui présente des similitudes à trois décennies d'écart avec celle d’un autre groupe allemand, originaire de Hamburg celui-là : X-Mal Deutschland. Le chant avec ses syllabes traînantes n'est pas étranger à cette comparaison, et c’est d’ailleurs à une certaine mise à jour de la formule de leurs aînés que s’attaque PAAR, aidé en cela par une boîte à rythmes efficace et robuste qui ne ralentit jamais l’allure du début à la fin du disque. La magie qui opère nous en rappelle une autre, contemporaine cette fois : celle des Américains de Second Still avec cependant ici une partie électronique plus sautillante, laquelle rebondit en faisant le grand écart sur une basse et une guitare tellurique dont la palette sonore semble infinie. Nous avions bien besoin de réconfort en ces temps troublés, et l'on vous conseille de ne surtout pas passer à côté de cette jolie surprise qui, malgré son titre, regroupe huit pépites scandées exclusivement en anglais.

Numb
"Mortal Geometry"

"Mortal Geometry"
DATES | Sorti le 23 août 2019 | Publié le jeudi 19 décembre 2019
ET ALORS | A vrai dire, nous n’y avons pas cru tout de suite : le retour annoncé de Numb après vingt ans d’absence -soit ni plus ni moins qu’une génération- nous semblait tellement improbable car nous savions Don Gordon parti s’installer au Vietnam au début des années 2000 pour ce qui ressemblait à un nouveau départ en famille. Improbable mais pas impossible, donc, puisqu’un premier extrait, "Redact", rapidement dévoilé au début de l’été a transformé la surprise en impatience. Et les premières impressions se sont vite confirmées : par chance, "Mortal Geometry" ne reprend pas les affaires où elles s’étaient brusquement arrêtées en 1998, le groupe ayant profité de cet exil pour se débarrasser de la composante technoïde mal à propos de "Blood Meridian". Moins chargées et plus lisibles, ces nouvelles compositions renouent avec une façon de procéder proche de celle des débuts : en ligne droite sans dispersion, mais avec la technologie du vingt-et-unième siècle en plus. Et tradition oblige, les morceaux les plus expérimentaux tels que "Mortal Geometry" et "Shadow Play" sont conservés pour la fin. Quel retour !

Elz and the Cult
"Psychrodrama"

"Psychrodrama"
DATES | Sorti le 1er mars 2019 | Publié le mardi 30 juillet 2019
ET ALORS | Il va falloir arrêter de s’étonner de l’origine géographique d’un artiste ; on voit chaque semaine se dévoiler de toutes les régions du monde de nouveaux talents, plus ou moins originaux, mais toujours passionnés. Elz and the Cult est un trio originaire d’Istanbul et offre avec son second album "Psychodrama" un disque étonnant parce que particulièrement riche et intense. Une rythmique assez robuste, des synthés omniprésents, un chant addictif, parfois en turc, assez vindicatif et souvent touchant, l’ensemble offre une multitude de repères entre new wave, dark wave, électronique et post punk, et sème le trouble en nous balançant sans manière entre le "Pretty Hate Machine" de Nine Inch Nails et des ambiances plus proches de Human League. Et ça, paradoxalement, d’une façon particulièrement homogène. Un condensé de très belles choses qui fait preuve d’une maturité étonnante.

Metatron Omega
"Evangelikon"

"Evangelikon"
DATES | Sorti le 9 avril 2019 | Publié le mardi 18 juin 2019
ET ALORS | "Evangelikon" est le déjà quatrième album du projet serbe de dark ambient absolue Metatron Omega venu de Belgrade. Les sept longues plages qui le composent nous chuchotent les instructions secrètes à suivre pour descendre lentement au plus profond des entrailles de la croûte terrestre, où les râles d'outre-tombe se mêlent aux mouvements telluriques et mécaniques de quelques rituels sacrificiels anciens. Une cloche carillonne au loin dans la brume, on y devine des chants grégoriens entonnés au coeur de cavernes abandonnées, on visualise mentalement une procession de fidèles encapuchonnés scander des incantations mystiques dans une cathédrale souterraine à la gloire du Dieu païen Kosmokrator, où des mélopées indistinctes et inquiétantes guident leurs pas vers l'eschaton, la fin de toute chose. C'est ténébreux, c'est flippant, c'est magnifique, et on en redemande.

The Foreign Resort
"Outnumbered"

"Outnumbered"
DATES | Sorti le 5 avril 2019 | Publié le vendredi 14 juin 2019
ET ALORS | Il y a des disques qui ne laissent que peu de repos pour souffler entre les chansons. C’est le cas de cet "Outnumbered" lancé à deux cents à l’heure qui s’impose d’emblée comme une référence du genre auquel il appartient. Il y a quelques cinq années, le label Artoffact avait réussi à imposer le parfait crossover entre rock et électronique grâce à l’album "Fearless" des Islandais de Legend, et voici qu’il remet ça avec la new wave volontairement rugueuse de The Foreign Resort. Avec la voix très pêchue de son chanteur Mikkel Borbjerg Jacobsen, sa basse grosse comme ça, ses sons de synthés que New Order auraient certainement aimé posséder à l'époque de "Movement", et ses guitares tour à tour tranchantes et hurlantes comme des bêtes enragées, le disque est d’une puissance et une telle réussite que vous ne pouvez pas vous permettre de passer à côté ce printemps.

Covenant
"Fieldworks Exkursion EP"

"Fieldworks Exkursion EP"
DATES | Sorti le 7 février 2019 | Publié le lundi 25 février 2019
ET ALORS | L’annonce de la sortie d’un nouvel EP de Covenant aurait pu passer inaperçue s’il n’y avait eu ce choix de le distribuer exclusivement lors des concerts du groupe : que pouvait-il bien recéler pour mériter une telle confidentialité ? Puis les révélations concernant son contenu ont fini d’aiguiser notre curiosité : chacun des membres du groupe aurait composé un titre, et Marie de Grabyourface aurait collaboré à l'un d'entre eux. En balayant un spectre d’ambiances qui vont du field recording au spoken words, les Suédois nous offrent un disque imprévisible, surprenant et totalement inattendu qui leur permet de se réinventer, proposant cinq bonnes raisons d'échapper à une formule dans laquelle le groupe s'était lui-même enfermé. Ici, pas de hit. Pas non plus de remixes inutiles, mais le renouveau d’un groupe bien décidé à prendre des risques. Du danger et un renouvellement : forcément, on aime !
